cimetiere depuis la rue

Avant de relater l'histoire du cimetière communal actuel, il convient de rappeler la situation de celui qui l'a précédé.

Primitivement comme dans toutes les paroisses, l'église était située pratiquement au milieu du cimetière comme on peut le voir de nos jours dans de nombreuses communes.Il n'en était pas tout à fait pareil à La Chapelle où il existait deux cimetières.

• le petit cimetière réservé théoriquement à V inhumation des enfants et des étrangers; il était situé au Sud de l'église, là où est maintenant le calvaire .

• le grand cimetière qui occupait la plus grande partie de l'actuelle place de l' église et le terrain où a été bati le bureau de poste. Avant que la place soit goudronnée, on distinguait fort bien l'emplacement de certaines tombes.

Quand l'ordonnance du 3 Mars 1825 enjoignit aux communes d'établir les cimetières en dehors des agglomérations, il fut décidé d'en créér un nouveau et l'abbé DUCHEMIN, curé de la paroisse offrit une parcelle de 16 ares prise sur un des prés appartenant au presbytère.

En effet,à cette époque, le bourg se terminait à la Chapelle de la Croix adorée. La construction de la ligne de chemin de fer Laval <> Chateaubriant entraina la construction d'une gare, d'un passage à niveau, d'un hotel, de cafés, d’autres maisons sur ce qui était la Minée. L'édification d'une école sur la route de la gare en 1891 contribua elle aussi à agrandir l'agglomération et le cimetière se trouve maintenant pratiquement au centre.

Le don du terrain par l'abbé DUCHEMIN fut confirmé par l'arrêté préfectoral du 4 Octobre 1862. qui précisait:

"La Commune est autorisée à distraire des dépendances du presbytère une portion de terrain contenant 16 ares pour servir à l'établissement d'un nouveau cimetière et à réunir aux mêmes dépendances l'emplacement de l'ancien lieu d'inhumation."

Ces dispositions qui ne purent être appliquées suscitèrent par la suite de nombreux désagréments.

C'est l'abbé DUCHEMIN qui paya la clôture sur la route de Cosmes et fit édifier le mur, le portail et les portillons tels que nous les connaissons.

Il fit également ériger au fond du cimetière ce curieux monument appelé "mausolée commun des curés", sorte d'autel avec contre-retable, précédé de deux pilastres qui se terminent en pyramide. Construit en pierre et en briques, ce monument est actuellement en très mauvais état et les inscriptions qu'il potre ont disparu ou sont devenues complètement illisibles.

mausolee 2014

Au moment de sa création, le cimetière se présentait à peu près comme, un rectangle bordé à l'est par un mur édifié, en bordure de la route de Cosrmes, au nord et au Sud par les haies vives de la prairie où avaient été prélevès les 16 ares.

Pour bien délimiter l'aire cimetérale et aussi dans un souci d'ornementation, une petite haie d'épine, fut plantée au nord, au sud et à l'ouest.

Telle était la situation le 1er Octobre 1863, jour où l'on fit la translation au monument des curés des restes de l'abbé ANGER, ancien curé de la paroisse, décédé en 1822 à l'age de 75 ans.

Ce prètre avait été installé curé de La Chapelle, le 29 Octobre 1789. Pendant la révolution, il fut arrêté en 1792 en même temps que son vicaire et exilé en Angleterre. Rentré clandestinement en France en 1795, il se cacha dans les bois de l'Oudon et fut réinitallé dans sa paroisse aprés les événements. Son frére qui habitait Athée avait racheté le presbytére qui avait été vendu nationalement. Sa soeur qui habitait la Perriére (maison Hubert) fut arrêtée par les révolutionnaires, conduite à Craon et guillotinée..

L’abbé ANGER avait été primitivement inhumé dans l'église ou sa pierre tombale est toujours visible à l'entrée du choeur.

Monseigneur WICART, premier évéque de Laval vint bénir solennellement le nouveau cimetiére le 28 Mai 1866. Entre temps on avait clot le petit cimetiére et bati la Chapelle dédiée à Notre Dame des Sept Douleurs.

Le 1er Mars 1876, est mis en oeuvre le plan d'agrandissement de la place de l'église sur l'emplacement du grand cimetiéte et de l'aménagment de ta route de Cosmes.

En juin de la même année, la levée des corps et leur transfert dans le nouveau cimetière sont autorisés. C'est ainsi que les restes des abbés GROUASTEL et POTE, anciens curés sont transportés dans le mausolée.

Le 10 SeptembKe 1876, les restes de l'ancien grand cimetière sont vendues à Monsieur FOURNIER, propriétaire au Plessis. En effet, le niveau du cimetiéKe était supérieur d'un metre environ au niveau de la place actuelle et par la petite porte, on descendait dans l'église. On peut s’en rendre compte en regardant le mur du transept nord dont les fondations sont à l'air libre et ou l'on peut facilement voir le niveau atteint par les terres.

Le 12 Novembre 1876, sont déposés dans une fosse commune les reqtes des personnes qui n'ont pas eu de nouvelle sépulture particuliére. Cette tombe collective était surmontée d'une stéle en pierre en mauvais état qui a été enlevée en octobre 1971. Cette fosse était située là ou a été construit le caveau provisoire près de la chapelle FOURNIER.

fosse commune

Au cours des travaux d'aménagement de la place de l'église, d'autres ossements furent découverts, réunis dans une grande caisse qui fut enfouie derriére la croix du calvaire. Des débris en ont été repérés lors de la plantation d'arbustes.

La structure et l'entourage du cimetière semblaient définitivement établis. Curieusement, c'est l'arrivée du chemin de fer qui entraina des complications et des disputes.

La Construction d’une gare par où était acheminé le courrier, la naissance d'un nouveau quartier avec des cafés, une boucherie charcuterie, l'établissement en 1891 d'un groupe scolaire sur la route de la gare entraînèrent une circulation importante. Le cimetière, réglementairement situé en dehors de l'agglomération se trouvait pratiquement au centre.

Or à l'époque, tout le monde circulait à pied, d’ou l'abondance des sentiers à échatiers, des "rotes de messe" qui avaient l'avantage d'être plus propres et surtout plus courts que les chemins.

Si le prêtre voulait porter une lettre à la boite aux lettres de la gare, il lui fallait passer par la place de l'église, si les religieuses voulaient aller à la boucherie ou plus tard à leur école, elles devaient passer par un petit portail aujourd'hui disparu à l'emplacement du préau actuel.

Tout naturellement, on se mit à passer par le cimetière pour raccourcir le trajet. Ce lieu de passage devint très fréquenté, des tombes furent abimées, des plaintes déposées et, en 1903, le Maire fit fermer le portail et les portillons du cimetière, les clefs étant déposées à la Mairie.

Nous sommes à l'époque qui va voir la séparation de l'église et de l'Etat. Les esprits sont surexcités et il ne fait aucun doute que les faits ont été grossis.

Le curé protesta contre la suppression de ce droit de passage et fit faire un passage dans la haie Sud pour permettre tout au moins aux institutrices de se rendre au presbytère sans passer par la place de l'église. Pis encore, il décida que le bois de cette haie appartenait à l'école et le fit couper.

Le conflit s'aggrava et le 30 Avril 1913, le Sous Préfet de Chateau-Gontier engageait le Maire à obliger le desservant à supprimer l'ouverture indûment établie dans la haie. Le Conseil Municipal opta pour une autre solution. Il fit raser la petite haie vive du côté sud et bâtir un mur aboutissant au mur de clôture du presbytère.

Aussitôt le curé fit construire une passerelle au dessus de la cure pour maintenir ses communications avec l'école. Des personnes âgées se souviennent encore d'être allées chercher le journal "La Croix" au presbytère quand elles étaient écolières.

Le problème s'était trouvé déplacé. Les communications entre la cure avaient pris le pas sur les liaisons avec le quartier de la gare.

Les institutrices, voyant leurs communications coupées avec l'école et la rue de la gare, abandonnèrent cet immeuble, en 1929 et replièrent leurs classes dans leur logement où l'école y est resté jusqu'en 1987.

Quant au droit de passage du prêtre vers la gare, le problème rebondit à plusieurs reprises et fut résolu en 1939 par la pose d'un petit portail au fond du cimetière.

En définitive, beaucoup d’ennuis, d'injures et d’animosité pour économiser des pas.

Maintenant, il n'y a plus de gare, plus de boucherie, plus de prêtre et notre cimetière est redevenu le Champ du repos.

 

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